Le viol et l’assassinat d’un garçon de 11 ans, à Tanger, sont révélateurs pour l’écrivain Abdellah Taïa de l’aveuglement de la société marocaine face à la pédocriminalité.
L’écrivain Abdellah Taïa (prix de Flore 2010 pour Le Jour du Roi) est l’un des premiers à aborder de front la question de la violence sexuelle au Maroc. Dans les médias comme dans ses livres — dans le premier chapitre de son roman Une mélancolie arabe (2008), il est question de viol –, il n’a cessé depuis 2005 de dénoncer l’aveuglement de la société marocaine sur ce phénomène.
Il a souvent raconté les très nombreux viols qu’il a subi enfant et adolescent à Salé. Pour lui, l’affaire Adnane, jeune garçon de 11 ans violé et tué par un voisin, à Tanger dans le quartier de Beni Makkada, n’a pas simplement sa place dans la chronique judiciaire : elle est symptomatique de l’hypocrisie qui règne sur ces questions au sein de la société marocaine, dont le désir de voir le criminel exécuté relève d’une même volonté de ne pas affronter le problème de fond. Entretien révolté.
Jeune Afrique : Malgré une certaine libération de la parole autour des agressions sexuelles et les campagnes de dénonciation de la pédophilie, les viols d’enfants restent assez fréquents au Maroc. Pensez-vous que la justice marocaine est trop laxiste face à ces crimes ?
Laxiste est un mot faible. On a plus que l’impression que la justice dit et redit que violer une petite fille, un petit garçon, ce n’est pas si grave que cela. Comme si cela faisait partie de notre façon de vivre, de nos coutumes.
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