Quel est l’état d’adoption de la crypto au Maghreb ? La question n’est pas anodine surtout que la région est loin d’être la locomotive crypto du continent. En la matière, c’est surtout l’Afrique subsaharienne qui s’impose, portée notamment par le Nigéria. Les chiffres montrent que dans ce pays d’Afrique occidentale, de plus en plus de personnes détiennent des cryptos ou sont informées de leur existence. À la vérité, plusieurs des pays du Maghreb ne sont pas en reste de cette dynamique même s’il faut reconnaître la faiblesse relative de cet engouement. Dans les lignes qui suivent, nous nous intéressons aux tendances de l’adoption des cryptos au Maghreb et aux raisons qui les sous-tendent.
Adoption de la crypto au Maghreb : les pays qui s’illustrent le plus
Il y a quelques mois, en juillet 2023 précisément, des données concernant les pays africains les plus intéressés par la crypto ont filtré. Elles révèlent une liste limitative de 15 Etats enregistrant à eux seuls le plus important engouement africain pour les actifs numériques. Sur cette liste figurent 4 des 5 pays qui composent l’Afrique du Nord.
Il s’agit en l’occurrence, et dans l’ordre, du Maroc qui affiche un taux d’adoption de 5,43 %. Le pays est suivi par l’Égypte qui connaît quant à elle un intérêt pour la crypto, évalué à 2,74 %. Vient ensuite l’Algérie dont l’appétence pour la crypto se chiffre modestement à 0,82 %. La Tunisie clôture cette marche avec un taux d’adoption encore plus faible de 0,60 %. En tout, l’Afrique de Nord enregistre un taux d’adoption d’environ 10,0 % par rapport au reste du continent.
Ces données sont quelque peu corroborées par un rapport de Chainalysis, publié dans le courant du mois d’octobre 2023. L’étude, qui couvre, outre l’Afrique du Nord, Moyen-Orient, montre le poids des pays du Maghreb, la Libye incluse, dans la région MENA. Ce dernier représentant en termes de valeur crypto, 7,2 %, par rapport au reste du monde.
Il est vrai que l’adoption des cryptos au Maghreb est typiquement faible. Notamment si on la compare au 74,7 % de taux d’adoption qui caractérise une région comme l’Afrique de l’Ouest. Pourtant, ce résultat ne demeure pas moins significatif, surtout pour le Maroc qui affiche le plus important taux de pénétration crypto de la région. Un focus sur ce pays est utile pour expliquer cette dynamique.
Focus sur l’adoption crypto au Maroc
Si l’on s’intéresse au Maroc, c’est essentiellement à cause de la situation crypto du pays. Pour rappel, les cryptos sont interdites au Maroc. Pourtant, le pays se maintient dans le Top 20 de l’adoption crypto mondiale.
Comme le rapport Chainalysis, le Maroc n’a fait que conserver sa place dans ce top 20 des pays adoptant le plus les cryptos. Le royaume, explique la société d’analyse blockchain, a également émergé comme un pays phare de la propriété d’actifs numériques dans la région.
Bien que cela représente une baisse par rapport à son classement précédent (14e), c’est toujours un exploit louable compte tenu des conditions difficiles du marché marocain des cryptos. C’est d’autant plus remarquable que le Maroc est le deuxième pays du MENA, après la Turquie (12e) et devant l’Iran (28e), à figurer parmi les 30 premiers du classement.
Par ailleurs, le Maroc revendique la valeur de transaction crypto la plus élevée de la région du Maghreb comprenant l’Algérie, l’Égypte, la Libye, le Maroc et la Tunisie. Ce qui contraste avec les chiffres de l’Égypte qui a disparu du Top 30.
En outre, l’industrie crypto marocaine fait montre d’une particulière résilience. En effet, le Maroc, c’est le 13e pays du monde par son utilisation de l’utilisation du bitcoin. Étonnamment, environ 4,9 % de la population marocaine possédait une forme de crypto en 2022, malgré l’interdiction de ces actifs en vigueur depuis 2017. Une situation qui pourrait s’inverser selon la banque centrale du Maroc. Cette dernière ayant d’ailleurs annoncé que des efforts étaient faits pour l’adoption d’une réglementation sur les cryptos qui n’a pas encore vu le jour.
La situation dans les autres pays du Maghreb
Il faut dire que malgré tout, la situation reste bien positive au Maroc. Selon les observateurs, le pays progresse vers une réglementation des cryptos. Cette classe d’actifs reste strictement interdite en Libye, en Tunisie, en Égypte et en Algérie. Pire, aucune réglementation n’est prévue dans ces pays dans l’immédiat.
Toutefois, il reste à voir si l’environnement réglementaire favorable aux cryptos dans les Émirats arabes unis influencera le paysage réglementaire d’autres pays africains de la région. Ce n’est pas à exclure étant donné la similitude des lois et des réglementations dans cette zone géographique.
Dans cette région, c’est surtout l’Arabie Saoudite qui mène les débats. Le pays a pris la tête du classement des économies cryptographiques enregistrant une croissance de 12 % du volume de transactions crypto d’une année à l’autre. Chainalysis a attribué cette croissance à l’intérêt croissant des investisseurs particuliers pour la diversification de leurs portefeuilles et l’investissement dans les actifs numériques.